octobre 17, 2011

Le monde serait bien plus fade sans Renessenz, l’entreprise centenaire de Jacksonville

L’usine chimique de Renessenz située au West 61st Street à Jacksonville a connu des périodes de forte croissance et de banqueroutes, des percées scientifiques, des réincarnations de sa production, une expansion sur le marché mondial et un nombre vertigineux de changements de propriétaire.

Ce mois-ci, elle fête ses cent ans.

Autrefois appelée SCM Glidco Organics et Millennium Specialty Chemicals, entre autres, l’usine est située dans un quartier résidentiel à l’est de la route Interstate 95 et au sud de la Trout River. Les automobilistes roulant sur l’I‑95 peuvent facilement voir les colonnes d’acier de l’usine qui s’élèvent au-dessus des arbres. L’usine produit d’énormes quantités d’arômes et de parfums vendus dans le monde entier à des entreprises qui les ajoutent à un grand nombre de produits de la vie quotidienne – l’arôme de votre dentifrice, le parfum de votre savon, la sensation « rafraîchissante » des gommes à mâcher, par exemple.

« Si nous né faisions pas ce que nous faisons, le monde serait bien plus fade », déclare Mike Wimberly, vice-président de Renessenz.

100 ans, un tournant

Construite en 1910, l’usine a fêté ses cent ans l’année dernière. Elle était alors en cours d’acquisition par TorQuest, une société de gestion de fonds d’investissement privé dont le siège se trouve à Toronto. Cette acquisition ayant été conclue en décembre dernier, l’attention s’est portée sur la célébration de cet anniversaire marquant par une cérémonie qui aura lieu ce samedi à l’usine.

Pour Matthew Chapman, associé chez TorQuest, l’augmentation du pouvoir d’achat des consommateurs dans des pays comme la Chine et l’Inde est synonyme de marché à forte croissance pour Renessenz. L’usine de Jacksonville, forte de décennies d’expérience dans la production de parfums et d’arômes, est bien placée géographiquement pour la fabrication de ses produits obtenus à partir de térébenthine et d’essence d’écorce d’orange.

« Si l’on parle de l’avenir du secteur de la production aux États-Unis, je pense que Renessenz est un exemple d’entreprise vraiment unique qui peut exercer ses activités sur le plan mondial », ajoute-t-il. « La question n’est pas de trouver des employés bon marché. Il s’agit surtout d’innovation. »

L’usine de Jacksonville fonctionne parallèlement à une autre usine de Renessenz située à Colonel’s Island, à Brunswick, en Géorgie. Ces deux usines produisent 20 000 tonnes de parfums et d’arômes par an. L’usine de Jacksonville emploie 156 personnes et celle de Colonel’s Island, 44. Renessenz a également des bureaux en Belgique, à Singapour et au Brésil, car elle vend 60 % de ses produits à l’international.

Le processus de fabrication de l’usine de Renessenz est simple dans sa conception, mais complexe dans son exécution.

Cela commence avec l’utilisation de térébenthine obtenue à partir de souches de pins ou d’essence d’écorces d’orange qui est un sous-produit de la production de jus d’orange. Le processus de fabrication chimique remanie la composition moléculaire de la térébenthine ou de l’essence d’écorce d’orange pour reproduire la structure moléculaire d’autres produits naturels.

Par exemple, la structure moléculaire de la térébenthine peut être remaniée de façon à être identique à celle d’une fleur, par exemple d’une rose ou d’une fleur de lavande.

L’usine transforme également le menthol en un « agent rafraîchissant » utilisé dans le dentifrice ou la gomme à mâcher qui n’a aucun goût, mais crée une sensation de fraîcheur dans la bouche.

Une ville qui sent mauvais’ 

Bien que les produits finaux aient une odeur agréable, l’usine a contribué à la réputation de « ville qui sent mauvais » de Jacksonville. Lorsque le maire de la ville, Tommy Hazouri, a voulu réduire les odeurs dans les années 1980, l’usine qui appartenait alors à SCM Glidco Organics s’est battue juridiquement.

Elle a cependant investi également dans des technologies de contrôle des émissions d’odeurs nauséabondes de soufre pendant le processus de fabrication.

Fondée en 1910 sous le nom de Standard Turpentine Co. et financée par W.E. Cummer, un habitant de Jacksonville, l’usine se trouvait à l’origine dans une zone rurale. La ville s’est agrandie et des quartiers se sont retrouvés à la limite de l’usine.

« Lorsque nous disons que nous avons des voisins, nous avons réellement des voisins juste en face de l’enceinte de l’usine », affirme Melissa Williams, chimiste à l’usine.

En 1982, l’entreprise alors propriétaire de l’usine, SCM Corp., s’est agrandie en ouvrant une deuxième usine à Brunswick. Les différentes phases du processus de fabrication entraînent des allers-retours de matières premières entre les deux usines.

« Nous sommes en quelque sorte liés à Brunswick », déclare Byron Yelverton, directeur de la production.

Le site de l’usine à Brunswick utilise environ 30 % de la superficie de 192 acres (environ 78 hectares). Il y a donc de la place pour agrandir l’usine. M. Wimberly indique qu’il y a également de l’espace pour agrandir l’usine de Jacksonville.

Quel que soit son avenir, l’histoire de l’usine montre que sa réussite future dépendra de sa capacité à évoluer et à s’adapter à de nouveaux produits.