mars 30, 2011

Une classe moyenne inférieure

Lors d’un récent voyage à Toronto, Graham Winfrey s’est entretenu avec deux gestionnaires de fonds canadiens qui se réjouissent que leurs marchés cibles n’intéressent pas d’autres associés commandités.

Les petites et moyennes entreprises représentent près de la moitié du PIB du Canada et emploient près de 60 % de la population active du pays, selon une étude publiée en 2010 par la Banque de développement du Canada. Cependant, la majorité des sociétés d’investissement privé qui exercent leurs activités au Canada né ciblent pas beaucoup ce segment de marché. Elles préfèrent se concentrer sur la satisfaction des besoins d’un petit groupe de moyennes entreprises et laisser une poignée d’acteurs s’attaquer aux entreprises de classe moyenne inférieure très mal desservies.

Whitecastle Private Equity Partners, dont le siège se trouve à Toronto, est l’une de ces sociétés. Elle réalise des investissements initiaux d’un montant entre 5 et 10 millions de dollars dans de petites entreprises avant de les faire croître jusqu’à ce qu’elles aient une valeur d’environ 20 millions de dollars.

« Nous parlons d’entreprises dont le BAIIA se situe entre 2 et 5 millions de dollars », déclare Elmer Kim, directeur général de Whitecastle.

Le premier fonds de rachat de 60 millions de dollars canadiens de la société a été lancé en 2005 par Whitecastle Investments, le bureau d’investissement du groupe familial Diamond de Toronto, dirigé par le président et chef de la direction Carey Diamond.

Comme le marché cible de Whitecastle échappe au radar de la majorité des acteurs canadiens du secteur des placements privés, la société doit souvent trouver par elle-même ses occasions d’affaires.

« La moitié de nos transactions sont plus exclusives, probablement parce que les conseillers des petites et moyennes entreprises né sont pas nombreux sur ce segment de marché », ajoute M. Kim.

L’un des autres défis liés à l’investissement dans les entreprises canadiennes de classe moyenne inférieure et qui explique peut-être pourquoi il n’y a pas plus de sociétés d’investissement privé qui s’intéressent à ce segment de marché – est ce que M. Kim appelle « l’aide à la gestion du brut » qui est inévitable lorsqu’il s’agit de faire croître de petites entreprises.

« Il faut être beaucoup plus vigilant et travailler beaucoup plus avec les équipes de direction, souligne-t-il. Je dirais que les petites entreprises demandent plus d’efforts que les grandes. »

En revanche, l’un des avantages de traiter avec des entreprises qui recherchent des investissements inférieurs à 20 millions de dollars est l’absence de concurrence.

« Au Canada, il n’y a probablement qu’une poignée de concurrents sur ce segment de marché, ajoute M. Kim. Très peu de sociétés américaines se manifestent pour des transactions de ce type. »

Bien que Whitecastle ait encore de quoi faire avec son premier fonds de rachat, la société prévoit d’investir en 2011 la majeure partie de son capital dans l’accroissement de ses participations actuelles, notamment dans Turtle Island Recycling, une entreprise de recyclage, et dans Bento Nouveau, le plus grand vendeur canadien de sushis. Whitecastle a également investi dans Equity Financial Holdings, une société canadienne de services financiers.

Peu de sociétés canadiennes d’investissement privé s’intéressent aux services financiers au Canada à cause du petit nombre de banques dans le pays, mais il en existe une, TorQuest, qui surpasse Whitecastle en termes de segment de marché.

« Nous pensons que notre rayon d’investissement se situe entre 25 et 75 millions de dollars, et pour ce faire, il né faut pas voir trop grand », déclare son fondateur et associé directeur principal, Brent Belzberg. Lorsque TorQuest s’intéresse à de plus grandes transactions, elle co-investit aux côtés de partenaires institutionnels.

TorQuest a clôturé son fonds d’investissement privé le plus récent pour un montant de 550 millions de dollars canadiens en 2006 et a réalisé cinq transactions en 2010, notamment des investissements dans SCM Services d’assurances et dans la société de gestion du carburant 4Refuel Canada. Selon M. Belzberg, le marché cible de sa société est également mal desservi comparativement aux États-Unis.

« Comme les autres fonds d’investissement dans les petites et moyennes entreprises s’accroissent, ils sont moins intéressés par le segment dans lequel nous sommes, car ils né veulent probablement pas avoir 20 transactions dans leurs portefeuilles. »

Pour Whitecastle et TorQuest, le marché des entreprises de classe moyenne inférieure est source d’importants rendements.

« Il n’y a tout simplement pas beaucoup de concurrence sur ce segment de marché, et nous en sommes ravis », affirme M Kim.

« Il faut des personnes qui ont des relations au Canada, ajoute M. Belzberg, et je pense que c’est la raison de notre réussite. »