Il y a trois mois, l’acquisition d’une entreprise de services financiers n’aurait probablement jamais effleuré l’esprit de TorQuest, une société de gestion de fonds d’investissement privé dont le siège se trouve à Toronto.
Fondée l’année dernière par Brent Belzberg et financée par de nombreuses institutions financières, TorQuest concentrait ses efforts sur la recherché de transactions dans d’autres secteurs, notamment dans la fabrication. D’ailleurs, TorQuest, par le biais de son Fonds de valeur L.P. avait réalisé son premier investissement dans le secteur de la fabrication en décembre dernier avec l’acquisition de Granby Steel Tanks auprès de Carrier Corp., pour un montant de 32,7 millions de dollars.
Mais sont arrivés ensuite le bond de 15 % du dollar canadien, la baisse de la valeur de certaines entreprises de services financiers et l’équipe de direction de Gerling Canada Insurance Co. La société mère en Allemagne de l’entreprise locale – qui avait établi sa présence au Canada en 1955 pour satisfaire les besoins de clients européens – avait accordé un délai à l’équipe de direction pour faire une offre d’acquisition des activités qui avaient enregistré 206 millions de dollars de primes brutes l’année dernière.
Il n’y avait plus de temps à perdre. « Nous avons travaillé dans les délais fixés », déclare M. Belzberg, dont le fonds sera clôturé avec la prise de participation majoritaire dans l’assureur local qui possède quatre bureaux au Canada (à Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver) et emploie près de 120 personnes. « Les services financiers constituent le bon domaine. C’est un secteur que les sociétés de gestion de fonds d’investissement ont ignoré, qui a été malmené, et qui a traversé des périodes difficiles. Gerling est une entreprise remarquable. », ajoute-t-il.
Outré TorQuest, deux autres entités ont investi dans GCAN Holdings Inc., l’entreprise privée créée pour réaliser l’acquisition des activités canadiennes de Gerling. Il s’agit de Newport Capital Insurance Limited Partnership, un fonds d’investissement privé géré par Newport Capital, et de CIBC Capital Partners, la banque d’affaires de CIBC. La direction de Gerling fait partie également de l’entreprise désormais renommée GCAN Insurance Co.
M. Belzberg n’a pas tari d’éloges envers l’équipe de direction canadienne de Gerling. « Elle a accompli un travail formidable. La filiale canadienne a toujours réussi. Elle a rapporté de l’argent tous les ans, même pendant les périodes difficiles. De plus, elle n’a pas dépendu de sa société mère en Allemagne », déclare M. Belzberg, associé directeur chez TorQuest, qui fait remarquer que les pressions subies en Allemagne ont poussé la société mère à mettre en vente sa filiale canadienne.
« L’entité canadienne est une remarquable société d’assurances IARD qui exerce ses activités dans un segment de marché de niche », ajoute-t-il. Ce segment de niche concerne les assurances des chaudières – pour résumer, il s’agit de fournir des assurances aux entreprises qui ont installé des chaudières dans leurs bâtiments ou dans des entreprises industrielles. Comme les assurances des chaudières représentent un secteur de niche, Gerling se concentre sur les assurances commerciales et industrielles souscrites par le biais d’un réseau de courtiers indépendants.
À l’instar de tout ce qui concerne les investissements privés, le processus de réalisation de la transaction a représenté la majeure partie du travail. Quand l’équipe de direction de Gerling a eu plus de temps pour trouver des partenaires, elle a demandé à un conseiller de l’aider à le faire. Elle a fait appel à Newport Partners Inc. – un fournisseur indépendant de services de gestion de gestion de patrimoine personnel et commercial destinés aux entrepreneurs et aux propriétaires d’entreprise. Peter Wallace, associé directeur chez Newport, déclare que l’équipe de direction de Gerling dirigée par son président Andy Henke, a été la raison principale de leur investissement. « Nous sommes toujours à la recherché d’excellents investissements privés pour nos clients et pour nous-mêmes. Gerling convient parfaitement », souligne M. Wallace dont la société gère des fonds de 400 millions de dollars pour ses clients.
Newport a tout d’abord contacté le conseil d’administration du Régime de retraite des enseignantes et des enseignants de l’Ontario (Teachers’). Celui-ci a cependant fini par conclure que la transaction n’était pas assez importante. Comme ils avaient décidé de passer leur tour, la voie était ouverte à d’autres investisseurs potentiels. TorQuest et CIBC Capital Partners ont été contactées. « La société mère voulait que la transaction soit réalisée rapidement. Nous avons donc dû agir vite », indique M. Belzberg, qui était à Hawaii lorsque M. Wallace lui a téléphoné.
« Nous avons formé une équipe de consultants. Tout le monde s’est attelé à la tâche et nous avons conclu la transaction. »